Ning: ni ouing ni nong
novembre 8th, 2008 by bruno boutotComme je l’avais annoncé précédemment, nous avons utilisé récemment la plate-forme Ning pour réaliser le site collaboratif bospointdeuxzero, et j’avais proposé à Mario Asselin de partager nos expériences de Ning. #
1 – POURQUOI AVOIR UTILISÉ NING? #
a – D’abord pour les caractéristiques de base que nous recherchions:
– un système basé sur les pages personnelles des individus: toute communauté est basée sur des individus réels que l’on accueille en leur offrant leur espace personnel;
– avec mise en mémoire sur ces pages de toutes les contributions de chaque individu: toute communauté est basée sur la mémoire des contributions des individus, pour la fidélisation (plus on contribue et que c’est visible et accessible, plus on est « chez soi » dans cette communauté) et la réputation (tout membre ou visiteur peut consulter les pages de chacun).
– avec possibilité de contributions plurimédias: texte, photos, audio, vidéo;
– avec des espaces d’activités communes (forums, blogs collectifs): toute communauté est basée sur des espaces communs où l’on fait des choses ensemble. #
b – Ensuite parce qu’on avait très peu de temps pour compléter le projet et qu’il fallait commencer très rapidement, circonstances dans lesquels Ning offre comme avantages principaux:
– le système est disponible immédiatement
– gratuitement
– sans programmation
– sans hébergement (tous les Ning sont hébergés chez Ning)
– et qu’il est très facile à aménager (choix des options, choix graphiques) et à gérer par des non-programmeurs. #
En tant que membre de communautés sur le Web depuis 9 ans et concepteur depuis 5 ans, je dois souligner que toutes ces caractéristiques sont des absolues merveilles qui auraient été impensables il y a seulement 2 ans; même d’autres systèmes polyvalents et accessibles, comme Drupal ou Joomla, exigent l’hébergement sur un serveur, des services de programmation … et tous les frais afférents. #
2 – NONG: LES ASPECTS NÉGATIFS #
a – Les contraintes de Ning
– vous vous souvenez des Polaroids, le pionnier des appareils à produire des photos instantanées? L’art de prendre des bonnes Polaroids était de connaître les limites ultra simples du système et de jouer dans ces paramètres; hors de ces paramètres, les résultats devenaient très instables et hasardeux; il en est de même pour Ning;
– le contrôle du membership est trop simpliste: soit votre Ning est caché et vous pouvez choisir vos membres comme vous voulez, soit votre Ning est visible par tous mais alors n’importe qui peut s’inscrire; Ning est basé sur l’idée que toutes les communautés veulent accueillir n’importe qui le plus rapidement possible, ce qui est stupide: une communauté n’est pas un média; ce qui fait la force d’une communauté c’est la qualité de ses membres autour de son sujet, pas ses cotes d’écoute. Noter que Ning s’intitule d’ailleurs « réseau social », pas « communauté », mais sur le fond, ça ne change rien: un réseau social plein d’inconnus hors sujet n’a aucune valeur. (Et oui, quand Ning est ouvert, on peut limiter les membres par approbation mais c’est nul, du genre: « Inscrivez vous! Inscrivez-vous! … et ensuite on va vous dire qu’on ne vous veut pas ».)
– À cause de l’hébergement chez Ning, vous ne contrôlez pas vraiment votre système: pour bospointdeuxzero, nous avions effectué plusieurs aménagements (par exemple, enlever sur chaque page l’inscription « Inscrivez-vous! » ou mieux disposer l’espace pour écrire un nouveau commentaire); sauf que Ning est un produit en développement et qu’il est régulièrement mis à jour; à chaque mise à jour du système, tous nos aménagements disparaissaient. Après avoir recommencé deux fois, on a arrêté et on a travaillé avec les contraintes du système, mais en devenant de plus en plus motivés à migrer dans le futur sur une autre plate-forme.
– D’une façon générale, l’absence de choix sur les éléments que l’on offre aux membres: presque tout est installé d’office, ce qui empêche de concentrer les activités dans un espace ou un autre. Votre site peut-être plein de contributions dont vous n’apprendrez jamais l’existence (et que vous ne pourrez donc pas mettre en valeur) dès que vous aurez plus de 20 membres.
– La quasi absence de l’outil de base de modération de toutes les communautés: l’alerte des modérateurs. Il y a bien un lien en bas de chaque page, mais ce n’est pas suffisant. Les communautés qui sont faciles à gérer (c’est à dire les seules qui soient gérables avec beaucoup de membres), comportent toutes un lien pour alerter les modérateurs attaché à chaque élément (chaque article, chaque commentaire, chaque photo, etc). #
b – Le référencement : l’horreur absolue. La honte. Avec près de 2 000 pages publiées en 3 mois (un exploit!), les rares résultats que l’on retrouve dans Google pour « bospointdeuxzero », « bos.20 » et « bospoint20 » (appellations qui figurent dans les metadata du site) viennent pour la plupart… de mon blog, ici-même! C’est NUL, archi nul! On nous a expliqué que les Ning étaient vraissembablement filtrés par Google parce que certains étaient utilisés pour produire des spams! Who cares? C’est à Ning de régler ce problème, pas aux utlisateurs! #
c – La langue d’interface: contrairement à flickr, par exemple, où la langue d’interface est au libre choix de chaque membre, la langue de navigation de Ning est choisie une fois pour toute. Pour un client ou un public bilingue, comme on en a souvent à Montréal, c’est assez frustrant. Nous avons bien fait quelques aménagements dans l’interface française pour introduire la base de la navigation dans les deux langues, mais le résultat n’est pas satisfaisant et pas accueillant pour les Anglos (ou l’inverse si vous choisissez l’anglais). #
d – L’absence de mode d’emploi de base. Si vous allez chercher vos membres parmi les résidents du Web, pas de problème. Mais si vous voulez faire participer des gens dont l’expérience ne dépasse pas facebook, il va falloir soit que vous expliquiez à chacun comment faire un lien, poster une photo, incruster un vidéo, un élément audio ou un slideshow, soit que vous rédigiez vous-même un mode d’emploi, ce qui est faisable – et réutilisable – mais qui demande des heures d’investissement. #
3 – OUING: LES ASPECTS POSITIFS #
a – La facilité d’installation et de gestion. Je ne suis pas programmeur et en 2 heures je savais tout faire avec Ning: choisir un thème graphique, changer la typographie et la couleur d’un titre ou d’un texte, aménager ma page de membre, m’amuser avec le choix de questions posées à l’inscription des membres (obligatoire/facultative; réponse unique/choix multiple; visible/caché, etc.), aménager la page d’accueil avec de multiples options toujours modifiables: par exemple, quand nos membres s’activent surtout sur leurs pages, on met « Activités récentes » en valeur en page d’accueil; quand le fun se passe dans les forums, on met les forums en valeur (ou les photos, les vidéos, des messages spéciaux, etc.). C’est aussi simple que des Legos et, d’une certaine façon, aussi amusant. #
b – La gratuité du système et de son hébergement. Il y a des options payantes mais même si vous payez pour enlever le mot « Ning » de votre URL, pour enlever les publicités placées par Ning et pour enlever les autopublicités de Ning, il va vous en coûter un maximum de 50 dollars (CAN) par mois. Pour un système d’une telle richesse offrant autant de possibilités, c’est quasiment un miracle et certainement une des merveilles du Web de notre époque. #
c – L’éditeur de langue: quand on a choisi la langue d’interface, il est très facile de modifier tous les termes de la navigation. Par exemple, pour bospointdeuxzero, l’objectif audio n’est pas de partager de la musique mais des messages publicitaires diffusés à la radio. En cherchant le terme « musique » dans l’éditeur de langue, apparaissent tous les termes et les phrases ou figurent ce mot dans la navigation et il est facile de les remplacer, suivant le contexte, par « message radio », « audio » ou « radio ». Super. #
4 – EN CONCLUSION #
a – Qui doit créer un Ning?
Vous. Et vous. Et toi et toi et toi aussi.
D’abord parce que c’est facile.
Ensuite parce que c’est gratuit.
Alors allez-y, créez vous un Ning comme des milliers de gens l’ont fait ces derniers mois. Gardez le « privé » pour expérimenter librement. Je ne vous invite pas à celui que j’ai créé pour jouer parce qu’il y a une série d’options qui ne sont disponibles qu’aux créateurs d’un Ning. Donc créez le vôtre puis allez cliquer sur « Gestion » et jouez aux Legos avec tous les éléments possibles de votre page d’accueil. Invitez un ou deux amis et expérimentez avec des forums, des vidéos, des slideshows. #
Ning est au Web 2.0 est ce que le vélo est aux transports: une fois que vous savez faire du vélo, vous comprenez les motos, les autos, les camions, les trains, les avions. #
Une fois que vous aurez joué avec Ning vous expliquerez à votre entourage qu’un réseau social ou une communauté sont faits 1 – d’individus, 2 – d’individus qui racontent des histoires et 3 – d’individus qui ont des relations avec d’autres individus. #
Vous raconterez à vos clients et à vos collègues qu’un réseau social ou une communauté ne sont pas un média, que la révolution Web 2.0, le Social Media Marketing, ce n’est pas utiliser des réseaux sociaux comme des médias, c’est faire partie de relations et de réseaux de relations. #
Que vous soyez un membre des médias, d’une agence de publicité ou d’une agence Web, que vous soyez un blogueur, un consultant ou un amateur, créez vous un Ning comme l’ont déjà fait 500 000 personnes. La révolution Web 2.0, ce n’est pas l’existence de facebook, de MySpace ou d’Espace canoë, c’est que tout le monde est au coeur d’un Ning, tout le monde est au coeur de réseaux et seules les relations comptent. #
b – Dans quelles conditions créer un Ning à long terme?
Quelques centaines de Ning ont été créés avec succès pour des usages professionnels ou amateurs, et fonctionnent très bien. Si cela vous tente, ou tente un de vos clients, visitez plusieurs Ning ressemblant à votre projet puis assurez-vous bien:
– que vos besoins s’inscrivent à l’intérieur des contraintes de Ning; souvenez-vous des Polaroïds: malgré (et à cause de) leurs limites, ils ont eu un succès formidable pendant plusieurs décennies et ont eu des milliers d’applications professionnelles, personnelles, pratiques et artistiques;
– que votre projet est à long terme; comme pour toute communauté sur le Web ou réseau social, vos membres y consacrent d’autant plus de temps et d’énergie qu’ils sont assurés que leurs contributions sont mémorisées et accessibles pour longtemps. #
c – Remerciements
Le premier Ning auquel je me suis inscrit (2 fois!) est celui de L’atelier des médias, créé par Philippe Couve pour son émission de radio sur RFI. Le suivant est celui d’Affaires Plus, créé par Daniel Germain sur les conseils de Jeff Mignon. #
d – D’autres Ning dont je suis membre, qui en sont à divers degrés de développement:
Webcom Montréal
mediachroniques
Journalism Research
kafeteria
N’hésitez pas à nous faire profiter de votre expérience avec Ning. #
addendum: comme presque tout sur le Web, Ning est en permanente évolution; je l’avais essayé dès sa création et j’avais été tellement peu impressionné que je n’y avais plus touché pendant 3 ans; les transformations ont été spectaculaires, et nul doute qu’il y en aura d’autres: le « tableau de bord » a eu deux nouvelles versions au cours des derniers mois. Donc mon appréciation est un instantané et mes critiques peuvent se retrouver sans objet du jour au lendemain. #
Cet article est le deuxième d’une série de cinq autour du projet bospointdeuxzero:
1 – Présentation
2 – Ning comme outil
Communauté
Média et journalisme
Marketing #
janvier 11th, 2010 at 18:38
Excellent post Bruno. Je me demandais si je fait une communauté virtuel chez ning ,est ce que j’aurais de bénéfices si mon réseau social est très fréquenté par des internautes ?? là ma question …et ça se passe comment? J’ai une idée de créer une réseau social mais je vaudrait gagner de l’argent avec tout en me faisant plaisir avec ma passion et mon temps.
Pourriez vous me répondre car j’ai fait beaucoup de recherches sur le net et j’ai pas trouvé des réponses.