Les #casseroles du 26 mai en photos et videos
juin 1st, 2012 by bruno boutotUne expérience d’utilisation de Storify, un système gratuit qui permet de mettre en page dans une histoire des éléments de plusieurs sources comme Twitter, facebook, YouTube, flickr, etc. Ici je n’ai utilisé comme source que Twitter. #
C’était le 26 mai dernier, une chaude soirée de printemps, un samedi. Depuis plusieurs jours se succédaient des températures estivales alors que chaque soir de plus en plus de casseroles tintinabulaient dès 20h. #
J’émergeais juste de la fièvre, réelle, qui m’avait possédé toute la semaine, sous l’effet d’un méchant virus. Incapable de lire l’ordi ni l’imprimé et même indifférent, transpirant, mouchant, éternuant, somnolent, les errances de pièce en pièce semées de kleenex, comme un parterre de fleurs blanches alentour. #
Et là, donc, j’émergeais. La fièvre se retirait, laissant soudain quelques neurones s’éclairer. Je m’installais devant l’écran cherchant à haute voix le bon « hashtag » qui me permettrait de suivre les événements alors qu’approchait l’heure des casseroles. (Le « hashtag » ou « mot-clic » est une convention sur Twitter: le « # » suivi d’un mot-clef permet à plusieurs personnes d’indiquer qu’elles parlent du même sujet.) Je relisais la chronologie des événements joliment compilée par @xkr. #
La lutte des étudiants n’avait pas entrainé de chocs trop violents les soirs précédents, mais la tension montait. La température clémente aidant, je voyais sur Twitter dans mes relents de fièvre la ville bruisser de préparatifs. Ne pouvant aller voir, l’idée me vint de documenter. Après les premiers tweets, je pensais un instant relever la diversité des provenances à travers la ville et la province, mais je réalisai que d’autres se chargeaient déjà d’en dresser la carte. Inspiré par une phrase iconique – et ironique – des forums américains (« A pic or it doesn’t exist »), je décidais alors de ne documenter que les images. #
Dans le fil Twitter, il faut cliquer pour voir apparaître une image. Et souvent, – sans doute pour un détail technique de ma machine – les vidéos n’apparaissaient pas. Ne voulant transmettre que les images que j’avais vues, je me suis retrouvé à Re-Twitter (RT) essentiellement toutes les photos que je rencontrais et les quelques videos que je voyais (mais ici, le système Storify qui me permet de montrer les tweets tels quels, n’affiche aucune vidéo, juste le lien qui y conduit). #
J’avais d’abord ouvert deux onglets (tabs) que je croyais les plus répandus: l’un pour #casserolesencours, l’autre pour #casseroleencours. Voyant qu’il était aussi utilisé, j’ai rajouté ensuite #casseroles. Il n’y a là rien d’exhaustif: beaucoup d’autres photos et vidéos ont été postées sur Twitter sans hashtag ou avec différents hashtags, sans compter celles qui ont été postées sur facebook, flickr, Instagram, YouTube ou ailleurs. Noter aussi que les photos sont dans l’ordre où elles ont été diffusées, pas où elles ont été prises, comme en fait foi l’éclairage. #
En haut de mon écran, sur chaque onglet apparaissent le nombre de tweets non-lus: 14, 6, 10. J’allais à celui qui en avait le plus, je retwittais seulement les images et recommençais avec l’onglet suivant, mécaniquement, obsessivement, passionément. La qualité des photos et des quelques vidéos m’importait peu: c’est de témoignage qu’il s’agit, celui d’une foisonnante improvisation collective. #
Quel paradoxe: des petits groupes épars sur un grand territoire qui jouent la même musique mais ne s’entendent pas, unis ici par des images sans son. Tellement Web, tellement 2012: Small Pieces Loosely Joined, dit David Weinberger, Here Comes Everybody, dit Clay Shirky, The People Formerly Known as the Audience, dit Jay Rosen. #
Semi-zombie, cliquant et recliquant, c’est ce que je fis, fasciné, sans arrêt, quatre heures durant. #
Voici donc, en 180 et quelques images, mon tour enfiévré du Québec en casseroles de la soirée du 26 mai 2012. #
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