Notes pour Camps, webcamps et autres inconférences

mars 18th, 2010 by bruno boutot

(((Mise à jour: ce sont des notes prises pour une présentation. J’ai ajouté des explications a posteriori en utlisant la méthode de Bruce Sterling: triple parenthèse.)))

Journée-rencontre WebÉducation
18 mars 2010
Québec
Benoit Girard – Sylvain Carle

(((Donc, Sylvain Carle était co-organisateur de cette journée sur le thème Définir “Collaboratif” et “Public” pour une gouvernance du 21ème siècle, à laquelle il a fait cette présentation. Un conférencier s’étant désisté, il a demandé à ses complices des premiers Webcamps d’en raconter l’histoire et le format. C’est moi qui était disponible. Je publie mes notes dans cet article pour que les participants puissent y retrouver les hyperliens.)))

(((Plan de la présentation:)))

  • Histoire
  • Fonctionnement
  • Contexte
  • Mystère

En octobre 2006, 1ère conférence Webcom à Montréal, au spectaculaire siège de l’OACI. Pour couvrir l’événement, Sylvain Carle avait constitué une équipe, dont je faisais partie, avec 2 blogueurs en français, un en anglais, un photographe et lui-même comme éditeur, diffuseur et programmeur de mise en ondes.

Dès le 2e Webcom, en mai 2007, Sylvain Carle a proposé aux organisateurs de créer un Webcamp: dans le cadre d’une conférence payante, un lieu d’accès gratuit où tous les participants contribuent un sujet.

Il avait découvert ce genre d’activité lors de la conférence Web 2.0 en Californie: ce qui se passe dans les couloirs est plus intéressant que les conférences.

En fait, ça avait commencé en 1998 mais a été popularisé par Dave Winer à partir du Bloggercon en 2004.

(((Historique extrait de la page Unconference de Wikipedia.)))

Barcamp, 2005

Un Webcamp, ou tout camp ou unconference n’est pas un événement auquel on assiste. C’est une réunion où des gens partagent leurs connaissances sur un ou plusieurs sujets.

En partant, vous n’achetez pas un billet pour un spectacle.

Règles selon Dave Winer en 2004.

Révision Dave Winner 2010.

Premier événement rappelé aujourd’hui.

Barcamp

Modes de fonctionnement. (((Voir page Unconference de Wikipedia.)))

Structuring an unconference

La formule d’un Webcamp de base est assez simple:

  • un thème
  • un événement gratuit
  • ouvert à tous mais où les gens doivent s’inscrire – et se préparer – à l’avance
  • en arrivant, ils écrivent sur des post-it le sujet qu’ils veulent contribuer
  • l’animateur établit un agenda d’après ces sujets
  • l’animateur anime la discussion en s’assurant que les gens se présentent, que la discussion avance, que tout le monde puisse intervenir.

La gratuité des médias sur Internet vaut de l’or

mars 13th, 2010 by bruno boutot

Une réflexion de Geneviève Lefebvre ce matin sur facebook relance un discours répandu à propos de la gratuité des médias sur Internet. Ça m’a donné l’occasion de partager une partie de mes observations sur le sujet. Merci Geneviève.

Comme vous ne me verrez pas faire de lien vers facebook tant que ce n’est pas un système ouvert (tant qu’on empêche de lire sans s’inscrire), je me permets de citer ici Geneviève au complet, avec ma réponse:

Today at 8:22am
Pigé dans la chronique de Pierre Foglia de ce samedi 13 mars.

Lacan: «L’argent payé au psychanalyste dans une cure n’est que très accessoirement la rémunération du service, le rôle essentiel de l’argent est de valider l’échange.»

Valider l’échange.

Un des problèmes de la gratuité des contenus (que ce soit de l’information ou de l’entertainment) sur le Web est cette absence de validation. Les gens se disent « bah, si ça ne coûte rien, c’est que ça ne doit pas valoir cher ».

Dans l’ancien temps, les mères disaient aux filles de ne pas coucher avec les garçons avant le mariage parce que « pourquoi il achèterait la vache s’il peut avoir le lait gratuitement »?

Je ne sais pas ce que Lacan aurait pensé de cette image de vache, mais le psychanalyste a raison sur un point. On n’accorde de valeur qu’à ce qui nous a coûté quelque chose, en temps, en effort ou en argent.

Démocratiser, oui. Dévaluer, non. Reste à trouver comment faire respecter ces deux idéaux.

« Absence de validation » « Les gens se disent… »
Pas forcément.
La gratuité, spécialement dans le cas des médias sur Internet, est mal comprise. Personne ne s’est plaint depuis 50 ans que la radio ou la télévision commerciales soient gratuites.

Ce qui fait surgir des plaintes aujourd’hui, ce n’est pas la gratuité, c’est l’incapacité des médias sur Internet de rentabiliser cette gratuité, alors que ça marche si bien depuis si longtemps avec la radio, la télé, les quotidiens et les hebdos gratuits. Est-ce que tu as entendu l’éditeur de Voir ou de 20minutes chialer contre la gratuité?

Le problème sur Internet c’est que la pub ne comble pas les dépenses, ce n’est pas la gratuité (pas plus que pour la virginité, sans doute, mais je vais pas m’aventurer sur ce terrain. :-) ). Donc, comment obtenir de la valeur sur Internet en plus (ou « à la place ») de la pub est la vraie question.

Ça fait partie du sujet central que j’aborde dans mediamachina, mais je vais te laisser avec une piste tirée de L’« Essai sur le Don » de Marcel Mauss:

Je n’ai pas la citation exacte sous la main mais ça dit en gros (je vais corriger plus tard):

« L’acte du don crée chez le récipiendaire un lien social et une obligation de réciprocité. »

On est loin de « ça ne doit pas valoir cher ». Cette obligation de réciprocité a une valeur formidable.

La question devient: Qu’est-ce que les médias pourraient faire sur Internet pour cultiver ce lien social? pour offrir tout l’espace pour accueillir la réciprocité? Et enfin mais seulement enfin, comment en extraire de la valeur?

Mais on en est encore loin. La plupart médias sur Internet, pour l’instant, refusent encore obstinément la création d’un lien social avec leurs usagers (le fameux problème de l’anonymat que j’ai abordé ici). Mais c’est là que ça commence: l’accueil d’individus à part entière avec qui tu peux tisser des liens sociaux (et non des masses anonymes que tu ignores ou méprises).

C’est ça l’énorme valeur de la gratuité: l’opportunité d’engager une relation avec quelqu’un.

Ensuite vient la réciprocité, ensuite vient la valeur.

Mais si tu fais de la gratuité sur Internet sans l’accompagner d’une structure d’accueil, effectivement ça ne sert pas à grand chose: pas de réciprocité, pas de valeur. Juste de la frustration contre la gratuité.

Chaque jour, à chaque instant, les médias sur Internet qui n’accueillent pas leurs lecteurs comme des personnes à part entière (avec page personnelle, mémoire, réputation, appréciation et mise en valeur de leurs contributions, incitations et récompenses) laissent s’évaporer dans la nature les milliards de dollars que la réciprocité rendrait possible.

La gratuité vaut de l’or.

Lettre à quelqu’un qui veut redevenir mon ami sur facebook

février 14th, 2010 by bruno boutot

Salut Xxxxx,

et bonne année! :-)
Ça me fait plaisir d’avoir ton nom parmi mes « amis » sur facebook. Tu dois le savoir parce que je tu en as déja fais partie au moins 2 ou 3 fois.

Ceci dit, j’ai fini lors de ces précédentes occasion par t’enlever de ma liste parce que tu ne sembles pas pouvoir t’empêcher d’utiliser facebook pour faire de la pub pour tes projets, pub que je reçois dans mon courriel.

Et, personnellement, je n’utilise pas facebook pour recevoir du spam.

Donc, je me permets de te recommander de créer des « pages » facebook pour tes projets, auxquelles les gens ont le choix de devenir « fan » ou non.

Mais si tu recommences à envoyer à tes « amis » du stock qui ne m’intéresse pas, je vais encore t’enlever de mes contacts, sans aucune incidence sur notre « amitié », mais juste parce que je ne veux pas recevoir de spam.

Au plaisir

Bouhou! Les gens sont méchants dans les commentaires.

janvier 3rd, 2010 by bruno boutot

Le problème avec les médias de masse, c’est qu’ils croient toujours s’adresser à la masse.
Les journalistes écrivent donc à la masse et quand leur média arrive sur le Web et s’ouvre aux commentaires, ce sont bien entendu les commentaires de la masse.

Et la masse, ma bonne dame, elle est pas gentille, dit Louise Leduc en trois articles dans cyberpresse.ca: Blogues: pourquoi tant de haine?, L’arroseur arrosé et Un exutoire virulent.

Les gens sont méchants, nous dit-elle. Ils sont méchants avec les blogueurs, avec les journalistes et peut-être encore plus avec les femmes. Bouhou! (Si elle avait bien cherché, elle aurait aussi trouvé qu’ils sont méchants avec les enfants, avec les noirs, avec les handicapés, avec les pauvres, avec les riches, avec les clowns qui vont dans l’espace.)

Mais qui sont ces monstres? Ha! On ne sait pas!

Madame Leduc nomme des blogueurs et des journalistes, tous et toutes des victimes éplorées, mais pas un des accusés n’est nommé. Pourquoi? Parce qu’ils sont la masse, sans doute.

Martin Lessard y voit avec humour la raison pour laquelle les journalistes ont en horreur la conversation Web 2.0. Sachant bien que les journalistes « en général » ne font pas de conversation dans le Web 2.0: ils s’adressent à la masse. Tu parles d’une conversation: ils craignent les coups de masse en retour. :-)

Une distinction d’abord: dans son réquisitoire, madame Leduc mélange les courriels reçus par des journalistes et les commentaires publiés dans les blogues et les sites de journaux. Si une personne travaille dans un média de masse et se choque de recevoir du courrier anonyme imbécile, cette personne ferait mieux de changer de métier. It goes with the territory. C’est stupide, mais ça reste dans le domaine privé. Les commentaires sur le Web sont une toute autre histoire: ce sont des commentaires publiés dans un média dirigé par un éditeur, que ce soit un blogueur autonome ou la rédactrice en chef d’un grand média.

Tout cela est tellement 2007, ici même: Les commentaires dans les blogues de médias. J’y écrivais alors à Richard Hétu et Richard Martineau que « si vos commentateurs disent souvent n’importe quoi, c’est peut-être parce qu’ils sont traités comme n’importe qui. » On avance, on avance, mais pas vite.

Le problème majeur soulevé par Louise Leduc est celui de l’identité du lecteur et de son rôle dans les médias sur le Web.

L’identité, nous l’avons vu, le lecteur du média de masse n’en a pas. Mais sur le Web l’identité du lecteur est entre les mains de l’éditeur: c’est l’éditeur qui décide s’il autorise les commentaires anonymes, en quelles circonstances, et lesquels publier.

Plus encore, c’est l’éditeur qui décide du rôle du lecteur dans son média: s’il veut des commentaires anonymes et imbéciles, il aura des commentaires anonymes et imbéciles. S’il veut des commentaires enrichissant, qui contribuent au contenu du média, il aura sans doute installé un système où les lecteurs qui veulent participer sont identifiés, reconnus, encouragés et récompensés pour leurs contributions.

Le pire, dans cette histoire, ce sont les gens, éditeurs ou blogueurs qui se plaignent des commentaires publiés dans leur média. Allo!?! Un commentaire pourri peut arriver, mais si on te le signale et que tu le laisses en sachant qu’il est contraire à tes sensibilités, à tes règles, à ton contenu, pourquoi tu le laisses? C’est ta maison, ton salon, ton média: tout ce qui est publié et y reste après objection est ta responsabilité. Ici manque la sensibilité d’un rédacteur en chef qui assume tout ce qu’il présente aux lecteurs. Comme un patron de bar. Tous les soirs, dans les bars, on fait le ménage. On doit pouvoir le faire dans les blogues et les médias.

La valeur des contributions anonymes peut se discuter. Mais elle doit être encadrée pour être réussie, comme dans Ask MetaFilter.

Tout ce qui est publié dans un média et qui y demeure après avoir été signalé est de la responsabilité du média.

Si ce n’est pas bon, enlevez-le.

Si ça ne contribue pas à votre contenu, enlevez-le.

Les gens participent où on les accueille et comme on les accueille.
Si vous les traitez comme des chiens, ils vont vous traiter comme des chiens.

Si vous voulez des participants de haute qualité (dans n’importe quel domaine), créez les conditions pour qu’ils soient heureux et fiers d’être chez vous: donnez-leur une page personnelle où on retrouve leurs contributions, laissez leur la propriété de leur création, récompensez et compensez les plus appréciés, créez un sentiment d’appartenance, apprenez à vos journalistes qu’ils vont faire du meilleur travail avec des gens brillants que tout seul dans leur coin.

Sur le Web, il n’y a plus de masse, il n’y a que des gens.

Sortez-vous la masse de la tête.

Les gens sont bien plus le fun.

Définition: Communauté sur le Web

octobre 29th, 2009 by bruno boutot

Je dois remercier Kim Auclair et Dominique Dufour de leur entrevue qui m’a rappelée que je me suis engagé depuis longtemps à écrire ici quelques définitions. Commençons donc par « Communauté sur le Web » parce que c’est un terme employé parfois à tors et à travers pour décrire beaucoup de concepts différents.

Dans un contexte professionnel, les mots sont des instruments de travail.

Je vais donc d’abord proposer une définition de « communauté sur le Web » en trois points; puis préciser le sens de certains mots; et enfin rappeler la différence entre réseaux sociaux et communautés.

Dans mon contexte professionnel, une communauté sur le Web est un site où:

1 – des membres font quelque chose ensemble, avec au moins un lieu principal d’activités communes;
2 – un « membre » est une personne inscrite dont l’identité est stable et dont toutes les contributions au site sont mémorisées et facilement accessibles à tous;
3 – Il y a un « guide de participation » clair et un système de « signal aux modérateurs » (flag).

1 – des membres font quelque chose ensemble, avec au moins un lieu principal d’activités communes

  • « faire quelque chose ensemble »: une communauté se définit par des actions que les membres font ensemble. « Consommer quelque chose ensemble » ne fait pas une communauté. « Lire le même journal » ne fait pas une communauté. « Regarder le même film » ne fait pas une communauté. « Fréquenter le même site » ne fait pas une communauté.
  • Toutes ces actions sont indispensables à l’existence d’une communauté dans la mesure où elles en sont la base: elles créent un langage commun. On peut faire partie, par exemple, d’une communauté qui échange sur le cinéma; voir les films établit le langage commun. Mais la communauté commence seulement quand on fait quelque chose ensemble avec ces films: on vote, on critique, on en parle, on crée des parodies, etc.
  • « au moins un lieu principal d’activités communes »: les gens qui sont sur le même site mais qui sont chacun dans leur coin ne forment pas une communauté; une communauté se crée dans l’interaction entre les membres sur des sujets communs. Tout site qui héberge une communauté offre au moins un lieu collectif (forum ou blog collectif) où tout le monde peut échanger, intervenir et agir d’une façon concertée sur un sujet commun selon des règles collectives.

2 – un « membre » est une personne inscrite dont l’identité est stable et dont toutes les contributions au site sont mémorisées et facilement accessibles à tous

  • « membre »
    • les médias traditionnels ont chacun un nom pour leurs clients: lecteur, auditeur, téléspectateur;
    • les médias traditionnels transportés sur le Web peuvent tous utiliser texte, audio et vidéo, ce qui a donné naissance à un nouveau qualificatif pour les clients: les utilisateurs;
    • qu’ils soient dans leur média d’origine ou sur le Web, tous les médias traditionnels sont des véhicules de marketing et de publicité, donc tous leurs clients sont aussi des consommateurs;
    • qu’ils soient lecteurs, auditeurs, téléspectateurs ou consommateurs, tous ces clients ne sont connus par les médias ou les annonceurs que sous forme de statistique; c’est normal: il s’agit de « médias de masse » et la masse ne peut être connue que par sondages;
    • dans une communauté sur le Web, un membre n’est pas une statistique mais une personne connue.
  • une personne inscrite dont l’identité est stable
    • « une personne inscrite » signifie que l’identité de cette personne est minimalement garantie par le site; le site a au moins vérifié l’adresse email de chaque membre; le site intervient s’il y a tromperie sur l’identité;
    • « identité stable » veut dire que toutes les actions de cette personne dans le site vont être attachées à cette identité, pas nécessairement qu’il s’agit de son vrai nom; beaucoup de communautés permettent à leurs membres d’utiliser un pseudonyme, mais à deux conditions: d’abord le vrai nom, même s’il demeure caché, est connu par l’administration du site; ensuite l’identité est stable et unique: dans la plupart des communautés, la création de deux identités est un motif d’expulsion.
  • une personne dont toutes les contributions au site sont mémorisées et facilement accessibles à tous
    • dans une communauté tout membre a sa page personnelle
    • dans cette page personnelle, toutes les contributions de chaque membre sont enregistrées
    • toutes ces contributions enregistrées sont facilement accessibles par tous: mettre à la suite tous les commentaires de quelqu’un ne sert pas à grand chose; il faut au minimum séparer les contributions par type (article, commentaire, photo, vidéo, vote, etc.), si possible par sujet (exemple: sport, cinéma, politique, vins) et de plus en plus par mots clefs (tags).
    • la mémoire de ses contributions fait d’un membre une personne; l’accessibilité facilite l’échange entre les membres et permet la constitution de réputations.

3 – Il y a un « guide de participation » clair et un système de « signal aux modérateurs » (flag)

  • un « guide de participation »
    • Quel est la raison d’être de cette communauté? Que fait-on, s’il y a lieu, dans les différentes parties du site? De quoi y parle-t-on? Dans quel style? Sur quel ton? Quel médias peut-on employer? Sous quelle forme?
    • Toutes ces questions qui sont évidentes quand on pénètre dans un lieu dans la vraie vie sont totalement mystérieuses dans un site. Et cela n’a strictement rien à voir avec la cascade d’interdictions et de menaces dont nous assomment tant de sites lorsqu’ils nous « accueillent ».
    • Il s’agit simplement de l’établissement du cadre, du sujet, des modes de participation: c’est justement à cause de tout cela que tous les membres participent.
    • Plus le guide est explicite et clair, plus il est facile pour les membres de veiller eux-mêmes au respect du lieu, du sujet et des modes de participation.
    • C’est pour cela qu’une communauté s’appelle une communauté: parce que les membres en sont partie prenante, qu’ils contribuent à son bien-être et à son développement. La communauté est une extension d’eux-mêmes, ils en font partie et en sont tous responsables.
  • un système de « signal aux modérateurs » (flag)
    • Toute particpation dans une communauté est accompagnée, entre autres, d’un « signal aux modérateurs »: tout article, tout commentaire, toute photo, toute vidéo, etc.
    • Ce « signal aux modérateurs » est  l’outil fondamental de la modération des communautés: il met la vigilance de première ligne entre les mains des membres. Aucune communauté n’est gérable sans cela: par définition, les responsables de la communauté ne peuvent pas lire et trier toutes les participations. S’il y en a qui essayent de le faire, c’est parce qu’ils croient être dans un média traditionnel (où la direction contrôle toute le contenu). Dans une communauté, les membres de la communauté sont responsables de la communauté.
    • Un signal aux modérateurs n’est pas « signaler un abus ». Ou si peu. Il y a parfois des abus dans les espaces où les gens sont anonymes, mais beaucoup moins dans les communautés où tout le monde a une identité stable. Les abus ne sont qu’une petite partie des raisons pour lesquelles on appelle un modérateur: il peut s’agir d’aider quelqu’un, d’éclaircir un point, d’arranger une erreur, d’expliquer un fonctionnement ou une règle.
    • La modération est un service à la communauté auquel les membres participent, pas un service d’ordre qui se situe au-dessus des membres. Dans les communautés, les modérateurs émergent parmi les membres qui excellent à aider les autres.

Si l’on veut bien travailler sur les communautés, il faut s’entendre sur les termes.
Un réseau social est, comme son nom l’indique, une suite de liens entre des personnes, mais ces personnes ne font pas forcément des choses ensemble.
Il peut y avoir des communautés à l’intérieur de réseaux sociaux. Par exemple, des gens peuvent se regrouper et faire quelque chose ensemble avec facebook, YouTube ou flickr, mais aucun de ces sites en tant que tel ne constitue une communauté. flickr est né d’une communauté, et plusieurs communautés existent sur flickr. Mais flickr, comme YouTube et facebook sont aujourd’hui des plateformes. Elles offrent des fonctionnalités dont chacun se sert à sa guise.

Toute plateforme, tout site d’entreprise ou de média peut héberger une communauté: il leur suffit de commencer avec les trois caractéristiques présentées ici.
Les communautés ont bien des caractéristiques passionnantes et nous y reviendrons. Si vous avez d’autres définitions, des suggestions ou des questions qui s’appliquent à votre projet, n’hésitez à les écrire dans les commentaires.

[Mise à jour le 2 novembre 09:
Quand deux personnes créent un site autour d’un sujet et en invitent d’autres à participer, c’est le départ d’une communauté sur le Web. À partir de là, toutes les règles établies par les hôtes et adoptées par la communauté peuvent exister. Ceci dit, les trois conditions de ma définition des « Communautés sur le Web » concernent très précisément le sujet de ce blog: les entreprises de médias et de marketing qui veulent héberger une communauté.

Certes, ces conditions ne sont pas indispensables au départ: par exemple, on n’a pas besoin de « signal aux modérateurs » avec 100 membres; mais avec 1000, oui. Ces trois conditions sont donc celles que doivent prévoir les médias qui veulent récolter les bénéfices d’une communauté: participation, fidélisation, revenus. Activités communes, membres mémorisés et outils de modération sont des conditions essentielles du succès.]

media machina

octobre 8th, 2009 by bruno boutot

J’ai commencé à publier mon travail sur les modèles d’affaires pour les médias sur le Web: media machina.

Vos commentaires sont bienvenus.

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Video: Ouvert 5 Catherine Genest 2009
reproduit avec la permission de l’artiste

Web, pme, déceptions, ROI, vélo

septembre 3rd, 2009 by bruno boutot

Le web, une déception majeure pour les entrepreneurs et les dirigeants des petites entreprises, titre Nicolas Kolodenchuck dans son blog. J’en ai pris connaissance dans le groupe de l’Alliance numérique sur Linkedin, où monsieur Kolodenchuck demandait l’avis des membres (le contenu n’étant pas public, je ne peux vous donner le lien).

Sylvain Carle, créateur de ce groupe, a répondu avec beaucoup de mesure, de sensibilité et de connaissances, entre autres:

La plupart des entrepreneurs que je rencontre sont pas mal plus intelligents que ça. (…) Le vrai problème auquel on doit s’attaquer quand on développe un site pour un client, c’est de travailler avec lui pour l’aider à s’approprier ce médium.

Pour ma part, j’ai répondu par un conte:

Tu achètes un vélo.
Tu le laisses au garage.
« Ce vélo n’est pas très bon pour m’amener des légumes du Marché Jean Talon. »

Hm.
Excusez moi.
On vous a vendu ce vélo?
Et on a oublié de vous dire qu’il fallait quelqu’un (une vraie personne) pour monter dessus, pédaler, le diriger jusqu’au marché, parler à des marchands (des vraies personnes), leur acheter des fruits et légumes, revenir sur le vélo, re-pédaler, diriger le vélo au retour pour enfin profiter des fruits et légumes en les partageant ou en les vendant? Et puis goûter les fruits et légumes, se souvenir des meilleurs, se souvenir chez qui on les a achetés, revenir chez ces marchands pour les féliciter et qu’ils se souviennent de nous la prochaine fois et nous fassent un meilleur prix? Et ainsi établir une chaîne de gens que l’on aide, qui nous aident et qui fait prospérer tout le monde?

Je suis désolé de ce malencontreux oubli. Si je peux vous aider à ce que le vélo vous rende plus de services et vous rapporte plus de fruits, plus de légumes, plus souvent et vous rapporte plus d’argent, n’hésitez pas à communiquer avec moi.
Ça me fera plaisir.

;-)

(Mise à jour: ma réponse a été légèrement modifiée pour éviter une confusion: je ne vends pas de sites, je donne ou je vends seulement des textes et des conseils.)

V pour Vaillants

août 31st, 2009 by bruno boutot

Ayoye!
Autant je peut être patient et attentionné comme journaliste et consultant, autant je peux prendre la mèche quand je porte ma casquette de consommateur – ou d' »usager » comme dans mon article précédent. Donc mes excuses à mes confrères des médias que j’ai un peu écorchés pour n’être pas en avant de la vague. Déja bien beau d’être dans une vague.

N’ayant toujours pas 14 têtes et 28 mains, je consacre tous mes temps libres à rédiger media machina dont les premiers articles devraient apparaître très prochainement. Pendant ce temps, j’ai décidé de poster ici de courts billets sur nos médias d’ici et sur le contenu que les médias locaux pourraient accueillir dans leur communauté s’ils en avaient une sur leur site.

Ce week-end, je suis tombé à la télévision sur le film Le Dernier Samouraï et j’en ai revu quelques scènes avec plaisir: un bon film d’action, une excellente plongée culturelle, de belles images, très bien filmé. Donc, de la haute qualité. Là, on est passé à une pause publicitaire qui était faite d’une annonce locale très longue et très platte (lire: message réalisé à peu de frais occupant beaucoup de temps parce que le temps ne doit pas être bien cher). C’est là que j’ai réalisé qu’on était sur TQS, pardon, V.

J’ai alors pensé à toutes les méchancetés que j’ai lues sur V et ses propriétaires les Rémillard au cours des dernières semaines: télé de bas étage, raclures de bas fonds, et l’inévitable V comme Vidanges, déjà repris par plusieurs de mes journalistes préférés dont Richard Therrien dans Le Soleil, Steve Proulx dans Voir et aujourd’hui de très jolie façon par Fagstein en deux images lapidaires. Et par moi, je dois le dire, qui l’ai transmis verbalement en ricanant à ma blonde. C’est mon ricanement de consommateur qui allume la télé juste pour y regarder de bons films.

Mais là, avec ce samouraï, je me suis retrouvé à apprécier un excellent produit sur une chaîne dont je me suis moqué sans même la regarder. Cette observation a brusquement remplacé ma casquette de consommateur par celle du professionnel des médias. En tant que consommateur, on peut dire de n’importe quoi. En tant que pro des médias, on doit se demander: « Qu’est-ce que je ferais si on me donnait une télé comme TQS, avec un bon rayonnement dans un petit marché, des équipements à la hauteur mais aucun revenu garanti? »

Ce que je veux dire, c’est que le problème d’hériter de TQS, même pour 1 dollar, n’est pas évident. De très grands professionnels s’y sont frottés et n’y sont pas arrivés. Jean Pouliot puis son fils Adrien, qui ont créé Télévision Quatre Saisons en 1985, étaient des opérateurs hors-pairs, comme ils l’ont montré avec CFCF Cable et CFCF TV (qui ont permis de financer TQS pendant tout ce temps). Après un bref séjour chez Quebecor, TQS s’est retrouvée en 2001 chez Henri et Louis Audet de Cogeco qui, en 1985, avaient été en compétition devant le CRTC contre les Pouliot avec leur projet de Télévision Saint-Laurent. Les Audet étaient animés d’une envie longtemps frustrée, ils avaient les moyens et tout le talent du monde: ce sont aussi d’excellents gestionnaires, comme le montre la feuille de route de Cogeco depuis son origine. Comme les Pouliot avant eux, et comme les Rémillard après eux, ils ont consulté tout ce qu’ils ont pu dans le marché américain: exemples de réussites, relookage, chambardements de grille, ajustement de public cible, révision de stratégie de ventes, alouette.

Euphémisme: pas facile. Le contexte est pourri. On sait que, dans quelques années, on va finir par payer la télé à l’usage. Tout simplement parce que la technologie le permet, et que la technologie va aussi nous permettre de contourner tous ceux qui voudront continuer les abus actuels. Quels abus? Payer pour toutes les chaînes privées qu’on ne regarde pas. Inadmissible. Un vrai racket légal, institué par le CRTC en un temps presque lointain, pour des raison pertinentes à l’époque qui n’ont plus de raison d’être aujourd’hui. Résultat? TVA et V sont les seules chaînes de télévision en français au Québec qui n’ont aucun revenu garanti. Les chaînes publiques sont financées par l’État, les chaînes câblées financées par des abonnements obligatoires ou sur option: ces chaînes peuvent faire fluctuer leur contenu et leur personnel selon les aléas du marché, mais leur existence n’est jamais en question.

Au Québec, en matière de télévision, seules TVA et V sont des entreprises sans filet. TVA est une entreprise formidable qui a connu du succès avec tous ses propriétaires. V, well..., justement. Pour le privilège d’avoir un environnement télé concurrentiel, je donnerai n’importe quand à V la cotisation obligatoire qui m’est prélevée pour RDS, si je pouvais. Mais je ne peux pas.

En attendant, je trouve que la situation des Rémillard est intéressante. De toute évidence, à moins qu’ils aient un lapin dans leur casquette, leur succès ne peut se faire seul dans la télé. Par chance, ils ont une opportunité que n’ont pas eu les Pouliot et les Audet: Internet. Notez que cette opportunité est aussi ouverte à leurs concurrents comme TVA, Radio-Canada et même La Presse ou Le journal de montréal. Mais celles-ci font assez de revenus dans le contexte traditionnel pour ne pas ressentir la pression de faire des affaires de façon radicalement différente.

Par contre, la marge de manoeuvre des Rémillard n’est pas très grande. Ils n’ont pas beaucoup de temps et pas beaucoup d’autre choix que de s’intéresser aux nouveaux modèles d’affaires. Ils ont donc la possibilité de profiter de leur machine et de leur audience pour créer un média dominant sur Internet avec un modèle d’affaires original et lucratif basé sur les communautés. Le feront-ils?

Juste pour avoir pris en charge TQS et l’avoir transformée en V, je trouve les Rémillard audacieux et courageux. Ils méritent un V comme dans Vaillants. Souhaitons, pour eux et pour nous, qu’ils appliquent cette audace et ce courage à Internet et qu’ils s’intéressent aux revenus qu’ils pourraient générer en se mettant au service de leurs publics.

Pour entendre, il faut avoir des oreilles

août 19th, 2009 by bruno boutot

Hier soir il y a eu un incendie pas loin de chez moi.
Je suis allé voir, j’ai pris quelques photos avec mon appareil de poche, je ne suis pas resté très longtemps.
En rentrant je me suis dit que j’allais tenter l’expérience contemporaine dont on parle partout: la participation des témoins ordinaires à la diffusion de la nouvelle.

(Quand je dis « partout », je fais bien attention à ne pas penser seulement aux blogs ou fil Twitter des professionnels des nouveaux médias avec qui je suis en contact tous les jours; non, je parle des grands médias populaires, des télévisions, des quotidiens, qui ont tous parlé du phénomène, que ce soit lors des élections en Iran, du coup d’état au Honduras ou, plus récemment, de la collision aérienne au dessus de l’Hudson à New-York. Tous ont parlé des citoyens-témoins.)

Donc, l’expérience « Boutot témoin d’une nouvelle ».

J’ouvre mes 16 photos sur mon ordi. J’en garde 5 acceptables et les mets dans une galerie que j’appelle « news » sur flickr. Telles quelles, sans amélioration : je me dis que la vitesse compte et je décide de laisser accès au format original; si un média veut les utiliser, quelqu’un fera les améliorations minimales (lumière, contraste, etc.).

08 AOUT 09 18 008 FEU

Puis je vais l’annoncer sur Twitter. Il est environ 21h.

Là, je me rends compte que j’ai été devancé de 11mn par Philippe Martin, qui a posté une photo.

Ma blonde me demande: « Les as-tu envoyées à des médias? »
Non, j’attends de voir l’effet Twitter.
Au bout de 20 à 30 minutes, @endirectdesiles en parle, puis @Panthere_rousse.

Puis plus rien. Je vais voir sur les médias en ligne:
cyberpresse, canoe, LCN, TVA, Radio-Canada, RDI, journal de montréal.

Première ÉNORME surprise: de ces 7 grands médias d’information (4 télévisions, 2 quotidiens, 1 site de nouvelles), 6 n’ont aucun endroit sur la page d’acceuil demandant aux lecteurs de leur soumettre des informations. 6 sur 7! En 2009! Alors que tous ces gens publient des articles et des reportages sur la participation du public, sur l’avenir des médias, sur les blogs, le « journalisme citoyen », alouette!

Va-t-on féliciter le 7e? cyberpresse a, en bas à droite, un espace intitulé:

Contribuez
Vous avez assisté à un événement d’intérêt public
Envoyez-nous vos textes, photos ou vidéos

Ha! Euréka! Je clique et j’arrive sur une page de soumission d’information:

Avant de soumettre mes photos, je vais quand même consulter les « conditions d’utilisation ». Les trois quart consistent à protéger cyberpresse: genre, ce sont bien mes photos, vous n’êtes responsable de rien et je ne vous poursuivrai pas. Pas d’objection. Quand soudain je tombe sur mes droits:

Propriété Intellectuelle
Lorsque vous soumettez Votre contenu à Cyberpresse, vous concédez à Cyberpresse une licence mondiale illimitée, irrévocable, non exclusive, perpétuelle et à titre gratuit : i) d’utilisation, de reproduction, de stockage, d’adaptation, de traduction, de modification, de création d’œuvres dérivés, de transmission, de distribution, d’exécution publique ou de mise à la disposition du public de Votre contenu à quelque fin; et ii) de concession en sous licence à des tiers du droit illimité d’exercer l’un ou l’autre des droits précités. Outre la concession de la licence susmentionnée, par les présentes, vous i) convenez de renoncer à l’ensemble des droits moraux dans Votre contenu en faveur de Cyberpresse;

Vous voulez savoir ce que j’en pense, en deux mots, en tant qu’éventuel fournisseur de nouvelles?
No. Way.

Je me suis couché vers 23h30, tirant des leçons de l’expérience.

Morale de l’histoire numéro 1:
Si vous voulez que les habitants de votre marché vous soumettent des nouvelles, commencez par avoir sur votre page d’acceuil, en haut, un espace bien visible pour accueillir les nouvelles de vos lecteurs.
Si vous n’avez pas d’oreille, vous ne risquez pas d’entendre grand chose.
Si, sur votre site d’information, vous n’invitez pas vos lecteurs de façon très visible et explicite à vous soumettre des nouvelles, vous n’allez pas en recevoir.

Morale de l’histoire numéro 2:
Si vous voulez que vos lecteurs vous soumettent des informations, donnez leur un incitatif. Si par hasard n’importe lequel d’entre nous rencontre un journaliste, on ne se fait pas d’abord sermoner par un avocat. Pourquoi serait-ce différent sur le Web? Pourquoi je me fais dire seulement que le média veut se protéger de moi et que je renonce à tous mes droits? Où est l’incitation, l’encouragement, les remerciements, la garantie d’avoir le crédit, les récompenses symboliques (comme un titre, genre « lecteur source » ou n’importe quoi de joli qui montre une certaine reconnaissance) et, pourquoi pas, l’engagement de verser à la source tout ou partie des droits de réutilisation?

Tout cela n’est pas de la magie des « nouveaux médias ». C’est du bon sens, de la relation ordinaire, quotidienne avec le client. Toutes ces entreprises de presse sont dirigées par des gens brillants, ont des responsables du contenu brillants, ont des responsables du marketing brillants, ont des brillants journalistes et de brillants vendeurs et ont sûrement de brillants conseillers Internet, n’est-ce pas?

Je connais beaucoup des artisans de nos médias, tant côté contenu que côté marketing. Il est absolument impossible que vous traitiez vos clients comme ça! Vous ne le faites jamais dans la vraie vie!

Et vous le faites sur le Web?

Mise à jour: je trouve dans mon courriel ce matin un message « urgent » de Mathieu Turbide, du journal de montréal, qui me demande si je veux lui vendre mes photos.
Première réaction: Ha! Enfin! Twitter a marché!
Mais le courriel date de hier soir. Trop tard!

Que s’est-il passé?
Je suis informé par @marioasselin que @mdumais a donné mon nom lorsque @MechantBlogue a fait une demande de photos de l’incendie sur Twitter. Michel Dumais lui a répondu:

@MechantBlogue essaie ici, chez Bruno boutot http://www.flickr.com/photos/brub/sets/72157621955146913/

MechantBlogue, qui est Mathieu Turbide, est donc allé voir mes photos sur flickr … et m’a envoyé un courriel par l’intermédiaire de flickr à 22h40. Mais, à cause des mystères de l’Internet, le message n’est arrivé dans ma boite de couriel Vidéotron qu’à 12h10… Argh!!!

De toutes façons, félicitations à Mathieu Turbide d’avoir eu le réflexe de faire appel aux témoins de l’événement. Excellente façon de faire du journalisme contemporain. Finalement, comme me l’a rapporté Mario Asselin, Mathieu Turbide a fini par trouver de très belles photos de daidix, également sur flickr.

Mise à jour
: Michel Dumais raconte l’événement.

Mille questions sur les médias

juillet 2nd, 2009 by bruno boutot

Très bonne soirée lundi lors de la conférence de l’Alliance Internet.

Le sujet de la conférence « Internet et médias imprimés » était immensément vaste, portant tant sur le journalisme que les effets économiques. On aurait pu s’y perdre sans la main de maître de Sébastien Provencher, co-fondateur de Praized et animateur de la soirée.

Public conf. Alliance Internet

L’endroit O Patro Vys, est bien équipé techniquement et assez intime pour avoir des discussions faciles entre le panel et la salle de 100-120 personnes. Un rapide sondage a montré une prépondérance de gens des médias ou qui traitent avec les médias, tant en information qu’en marketing (l »organisateur de la soirée, Sylvain Carle, CTO de Praized et président de l’Alliance Internet, est le premier à gauche sur la photo).

J’avais amené les notes suivantes en 3 points, extraits de mon travail « media machina »:

  • Le web bouleverse la collecte et la diffusion des nouvelles et une des solutions les plus prometteuses passe par la participation du public, c’est à dire de la communauté
  • Le web bouleverse le modèle des revenus basés sur la publicité et une des solutions passe par les transactions avec le public, c’est à dire avec la communauté
  • Une des priorités pour les médias imprimés est donc d’accueillir les gens sur le web au sein d’une communauté

Parmi les forces des médias imprimés, les panelistes, dont Jean-François Codère, ont souligné la qualité du travail de leurs journalistes et le capital inexploité que constitue leur histoire (et qui devra être mis en ligne: 125 ans de textes pour La Presse!); Robert Duhamel a aussi relevé l’atout, pour les quotidiens, d’avoir un système de distribution autonome.

Quand à la transition vers le web, seul Patrice-Guy Martin a indiqué que le groupe ITWorld Canada, auquel appartient son magazine, était optimiste. La situation actuelle tant de l’économie que des mutations causées par le web amène plutôt des inquiétudes avec peu de solutions évidentes. Tout en soulignant la curiosité des équipes qu’elle visite, Patricia Tessier a regretté la timidité structurelle qui empêche les expériences et freine l’innovation. On attend beaucoup des solutions qui viendront, un jour, des États-Unis ou d’Europe.

Panel conf. Alliance Internet

Un panel très diversifié du journalisme au marketing avec, de gauche à droite: Jean-François Codère, journaliste, rueFrontenac.com; Patrice-Guy Martin, rédacteur en chef, Direction Informatique; moi-même; Patricia Tessier, vice-présidente, Marketing, Opérations du Québec, Corporation Sun Media; Robert Duhamel, Directeur, Gesca Numérique. (Photo: Sylvain Carle)

Des discussions animées se sont poursuivies dans la salle après la fin officielle de la conférence, et beaucoup des questions que l’on m’a posées portaient sur la définition des « communautés », ce qui m’a incité à y consacrer le prochain article.  :-)